À Niamey, boire de l’eau en sachet est devenu un geste banal. Cette solution bon marché séduit par sa simplicité. Mais une enquête récente révèle une réalité préoccupante. L’eau vendue dans la rue pourrait bien représenter un danger sanitaire majeur.
Une qualité d’eau très loin des normes
L’Agence nigérienne de normalisation (ANMC) a testé 64 échantillons d’eaux en sachet. Les résultats sont accablants. Seulement 7,81 % des échantillons respectent les normes de potabilité. Autrement dit, plus de 92 % sont non conformes.
Les tests montrent une pollution généralisée. Plus de 30 % des sachets contiennent des taux de nitrites trop élevés. Ces composés indiquent la présence de résidus organiques. Dans certains cas, la pollution provient d’excréments. En parallèle, plus de 60 % des échantillons présentent une concentration excessive de manganèse.
Les analyses microbiologiques aggravent encore le constat. La moitié des eaux testées contiennent une charge bactérienne trop élevée. Plus grave encore, près de 20 % présentent des coliformes d’origine fécale. Ces résultats indiquent un risque direct pour la santé publique.
Une menace invisible pour les consommateurs
Les conséquences sanitaires sont sérieuses. Boire une eau contaminée peut entraîner des infections digestives ou des intoxications. Pour les enfants et les personnes vulnérables, les risques augmentent fortement.
Le manganèse, lorsqu’il est consommé en excès, peut perturber le fonctionnement du cerveau. Les nitrites, quant à eux, bloquent le transport de l’oxygène dans le sang. Chez les nourrissons, ils peuvent provoquer des crises graves. La présence de bactéries fécales montre un défaut d’hygiène très inquiétant.
Ces dangers sont souvent invisibles. L’eau paraît claire et fraîche. Pourtant, elle peut contenir des germes nocifs. Cette illusion de propreté empêche les consommateurs de se méfier. Le problème devient alors un cercle vicieux : production négligente, absence de contrôle, et consommation risquée.
Des unités de production hors de contrôle
Le rapport de l’ANMC pointe l’état alarmant des lieux de production. Beaucoup ne respectent aucune règle d’hygiène. L’eau est puisée sans garantie de pureté. Les machines sont mal nettoyées. Les sachets sont parfois réutilisés sans être lavés.
Malgré la gravité des constats, peu de sanctions sont appliquées. Les contrôles sont rares. L’ANMC manque de moyens pour inspecter régulièrement les ateliers. Le secteur échappe ainsi à toute surveillance rigoureuse. Cette faille laisse la porte ouverte à des pratiques dangereuses.
Il est urgent de renforcer les inspections et de former les producteurs. L’État peut imposer des normes claires et soutenir les structures qui veulent se professionnaliser. Les consommateurs, eux aussi, doivent être informés. Reconnaître un sachet d’eau douteux peut éviter bien des maladies.
L’accès à une eau saine est un droit fondamental. Pour le garantir, il faut agir à tous les niveaux. La production, le contrôle, et la consommation doivent évoluer ensemble. Ce n’est qu’à cette condition que l’eau en sachet pourra devenir une solution sûre et durable.