Cinq mois après la démission de l’ancien exécutif, le Togo s’est doté, le 8 octobre 2025, d’un nouveau gouvernement. Dans un contexte de transition institutionnelle marqué par l’entrée en vigueur de la Ve République, le président du Conseil, Faure Gnassingbé, a fait le choix assumé de la stabilité. La plupart des figures de l’ancien cabinet conservent leur portefeuille, confirmant la volonté du chef de l’État de miser sur la continuité plutôt que sur la rupture.
Des poids lourds confirmés et quelques ajustements ciblés
La reconduction des principaux ministres illustre la stratégie d’équilibre de Faure Gnassingbé. Robert Dussey conserve le ministère des Affaires étrangères, symbole d’une diplomatie togolaise stable et pragmatique. Gilbert Bawara, proche du président, reste chargé des Relations avec le Parlement et les Institutions, après avoir piloté d’importantes réformes administratives. Calixte Batossie Madjoulba poursuit sa mission à la Sécurité, dans un contexte régional marqué par les menaces terroristes aux frontières nord.
À ces piliers du régime s’ajoutent quelques ajustements. Badanam Patoki prend la tête du ministère de l’Économie et de la Veille stratégique, tandis que Martine Moni Sankaredja se voit confier le portefeuille des Solidarités, du Genre et de la Protection de l’Enfance
Un climat sociopolitique toujours sous tension
Ce remaniement intervient dans un contexte sociopolitique tendu. Depuis le début de l’année, plusieurs mouvements de protestation ont éclaté dans différentes villes du pays, réclamant plus de libertés publiques et dénonçant le coût de la vie. Les manifestations de juin et juillet derniers, organisées par des partis d’opposition et des organisations de la société civile, ont été dispersées par les forces de l’ordre, faisant plusieurs morts et des dizaines de blessés.
Ces épisodes ont ravivé les critiques à l’encontre du pouvoir, accusé par certains observateurs d’entretenir un climat de méfiance politique. Malgré les appels au dialogue, la défiance persiste entre le gouvernement et une partie de la population, notamment la jeunesse urbaine. C’est dans ce climat de tension que le nouveau gouvernement prend ses fonctions, avec la mission délicate de rétablir la confiance et d’apaiser le front social avant la prochaine session parlementaire.
