Djibouti : Ismaïl Omar Guelleh obtient le feu vert pour un sixième mandat présidentiel

octobre 27, 2025

À Djibouti, le paysage politique vient de connaître un tournant majeur. Le Parlement a voté à l’unanimité la levée de la limite d’âge pour se présenter à l’élection présidentielle, ouvrant ainsi la voie à une possible nouvelle candidature d’Ismaïl Omar Guelleh. À 77 ans, le chef de l’État, au pouvoir depuis 1999, pourrait donc briguer un sixième mandat en 2026. Une réforme aux airs de continuité, qui divise les opinions et interroge sur l’avenir démocratique du petit État de la Corne de l’Afrique.

Une réforme constitutionnelle sur mesure

Jusqu’ici, la Constitution djiboutienne fixait à 75 ans l’âge maximal pour se présenter à la présidentielle. Avec la suppression de cette disposition, Ismaïl Omar Guelleh retrouve la possibilité légale de se représenter. Cette modification, votée à l’unanimité par les députés, doit encore être approuvée, soit par référendum populaire, soit par une seconde lecture au Parlement — une étape qui pourrait intervenir dès le 2 novembre.

Ce vote unanime, perçu par certains comme une formalité, illustre le poids politique considérable du président Guelleh, qui règne sur le pays depuis plus de deux décennies. Son parti, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), domine sans partage la vie politique nationale. En 2021, il avait remporté l’élection présidentielle avec plus de 97 % des voix, un score révélateur de la faiblesse de l’opposition et de l’emprise du pouvoir sur les institutions.

Pour ses partisans, cette réforme n’a rien d’inquiétant : elle vise à assurer la stabilité d’un État stratégique dans une région en proie aux crises. Djibouti, carrefour entre l’Afrique et le Moyen-Orient, accueille plusieurs bases militaires étrangères et joue un rôle clé dans le commerce maritime mondial. Ses défenseurs louent la continuité politique de Guelleh comme un rempart contre le chaos.

Entre stabilité et soif de changement

Pourtant, derrière cette apparente unité, des voix critiques s’élèvent. Des membres de la société civile, des juristes et même certains anciens proches du pouvoir dénoncent un affaiblissement progressif des libertés publiques. En septembre dernier, un conseiller politique influent du président a quitté le gouvernement, fustigeant un « recul démocratique » et une gouvernance marquée par le clientélisme.

L’opposition, réduite au silence institutionnel, s’exprime essentiellement sur les réseaux sociaux, où l’annonce de la levée de la limite d’âge a suscité de vives réactions. Beaucoup y voient une manœuvre politique destinée à prolonger un règne déjà historique. D’autres, plus nuancés, estiment que Djibouti fait face à un dilemme : préserver la stabilité dans une région instable ou risquer l’inconnu d’une alternance.

Sur le plan diplomatique, le chef de l’État a toujours su jongler habilement entre les puissances étrangères présentes sur le sol djiboutien — la France, les États-Unis, la Chine ou encore le Japon —, faisant de son pays un hub stratégique autant qu’un terrain d’influence. Cette position renforce son poids sur la scène internationale, mais alimente aussi les critiques internes sur une dépendance excessive à l’extérieur. À l’approche de l’élection présidentielle de 2026, l’incertitude demeure : Guelleh choisira-t-il la continuité ou la succession préparée ? Dans les deux cas, sa décision pèsera lourdement sur l’avenir politique, économique et social de Djibouti.

Morgan Dossou

Journaliste passionné depuis une dizaine d'années, je m’intéresse aux grands enjeux de notre époque et à l’évolution du monde contemporain. Mon objectif est de proposer une information claire, fiable et accessible à tous, en mettant en lumière des sujets variés qui nourrissent la réflexion et favorisent une meilleure compréhension de l’actualité.

Laisser un commentaire