À l’heure où les grandes métropoles africaines cherchent à concilier croissance urbaine et durabilité, une start-up ivoirienne attire l’attention. Digital Smart Trash transforme la collecte des déchets grâce à des poubelles connectées capables d’alerter en temps réel sur leur niveau de remplissage. Un outil qui pourrait changer la donne dans un pays où Abidjan produit chaque année près de 1,9 million de tonnes de déchets (Institut de l’économie circulaire).
Des poubelles qui parlent aux collecteurs
« Nous sommes essentiellement sur des déchets plus solides et non dangereux », explique Tenon Coulibaly, cofondateur de Digital Smart Trash. Plastiques, papiers, verres ou biodéchets sont au cœur du dispositif. Les capteurs installés dans les bacs envoient des informations sur le taux de remplissage, permettant d’anticiper les tournées.
Cette technologie a été présentée en juin à Paris, lors du salon VivaTech, comme une réponse à un problème récurrent : les bacs débordants faute de collecte adaptée. Les entreprises qui adoptent le système bénéficient non seulement d’une meilleure traçabilité de leurs déchets, mais aussi d’une gestion optimisée des flux vers les centres de recyclage.
Réduire l’empreinte carbone des collectes
L’innovation ne s’arrête pas à la simple transmission de données. « Quand vous avez à l’intérieur de certaines poubelles des connecteurs capables de vous informer sur le niveau de remplissage, cela vous permet de définir le meilleur itinéraire de collecte », souligne Coulibaly. L’optimisation des trajets réduit les passages inutiles et donc les émissions liées au transport.
Des acteurs comme Petroci, Castel ou le festival Femua ont déjà choisi ce modèle. Même dans le nord du pays, à Ferkessédougou ou Ouangolodougou, des poubelles intelligentes facilitent désormais la valorisation des déchets. Pour les promoteurs du projet, il s’agit de réactualiser une pratique ancienne : dans son enfance, Coulibaly se souvient de collecteurs qui passaient dans les villages en chantant pour récupérer plastique ou métal. L’ambition est aujourd’hui de formaliser ces habitudes avec des outils numériques.
Un soutien stratégique et des perspectives économiques
L’opérateur Orange Côte d’Ivoire a intégré Digital Smart Trash à son programme d’incubation. Pour Habib Bamba, directeur de la Fondation Orange, « au-delà du volet innovant, on avait ce fort volet environnemental et social. C’est vraiment du tech for good ».
Créée en 2018 sur fonds propres, la start-up revendique aujourd’hui une capacité de recyclage de sept tonnes de plastique par jour. L’Institut de l’économie circulaire estime que le secteur pourrait générer jusqu’à 35 000 emplois si la filière se développe à l’échelle d’Abidjan. Cette initiative locale illustre la manière dont des solutions technologiques africaines peuvent répondre à un défi mondial : réduire l’impact environnemental tout en créant de nouvelles opportunités économiques.
Avec Digital Smart Trash, la Côte d’Ivoire expérimente une voie concrète vers une économie circulaire. Si l’innovation attire déjà des entreprises et des partenaires majeurs, sa généralisation pourrait transformer la gestion des déchets urbains et ouvrir des milliers d’emplois. L’enjeu dépasse la seule collecte : il s’agit d’installer une nouvelle culture écologique, adaptée aux réalités locales, mais connectée aux standards internationaux.