Kenya : chaos lors des funérailles de l’opposant Raila Odinga, plusieurs blessés enregistrés

octobre 17, 2025

Les funérailles de l’opposant kenyan Raila Odinga ont été marquées par une tragédie qui a frappé profondément la nation kenyane. Le 17 octobre 2025, lors des cérémonies nationales organisées en son honneur, une bousculade a fait des dizaines de blessés, certains gravement. Cette panique collective survient un jour après une autre scène de chaos au stade de Kasarani, où des tirs de sécurité ont fait au moins trois morts parmi les personnes présentes pour rendre hommage à l’icône politique.

Une scène de chaos après le passage des officiels

La cérémonie semblait débuter sous de bons auspices, avec la présence du président William Ruto aux côtés de la famille d’Odinga. Le stade Nyayo, plus petit que celui de Kasarani, avait été choisi pour l’événement, une volonté apparente de mieux contrôler la foule. Cependant, l’équilibre fragile de l’événement a été rompu lorsque des milliers de personnes, désireuses de s’incliner devant la dépouille de l’opposant, se sont massées devant le cercueil, créant une pression insupportable dans les tribunes. Des témoins rapportent que certains spectateurs ont été poussés dans les gradins, tandis que d’autres ont été piétinés à proximité du cercueil.

La scène a pris une tournure dramatique lorsqu’une vague de panique a envahi les tribunes. Des cris ont fusé, et la foule a commencé à se bousculer violemment dans un espace déjà saturé. Les militaires présents pour encadrer l’événement ont ordonné aux gens de s’agenouiller, mais la foule, poussée par l’intensité du moment, a continué à se presser, rendant l’ordre des forces de l’ordre difficile à exécuter. Le nombre de blessés, dont des personnes évanouies ou ayant des os fracturés, a été élevé, et cinq ambulances ont été dépêchées pour porter assistance.

L’usage excessif de la force soulève des critiques

Cette tragédie fait écho à l’incident survenu la veille, où les forces de sécurité ont utilisé des tirs pour tenter de contrôler la foule au stade de Kasarani. Trois personnes ont été tuées lors de cette intervention, et la communauté internationale, ainsi que les organisations des droits humains, ont vivement dénoncé l’usage excessif de la force. Hussein Khalid, directeur de VOCAL Africa, a qualifié ces actions d’injustifiées, appelant à la retenue des autorités afin d’éviter d’autres pertes humaines.

L’usage des armes par les forces de sécurité a provoqué une vive réaction au sein de la société kenyane. Des voix s’élèvent pour dénoncer une gestion de la foule qui semble avoir échoué à prendre en compte le climat de deuil et de forte émotion dans lequel les Kenyans se retrouvaient. Les images dramatiques, diffusées sur les réseaux sociaux, ont montré des scènes de panique et de chaos absolu, exacerbant le sentiment d’injustice et de frustration de nombreux citoyens. Les critiques ne s’arrêtent pas là. Plusieurs observateurs politiques ont souligné la tension qui existe entre le pouvoir central et les forces de l’ordre, souvent accusées d’être trop autoritaires, surtout lors d’événements sensibles. La question de la formation des policiers et de leur gestion des grandes foules est plus que jamais sur la table, avec des appels à une révision des stratégies de maintien de l’ordre.

Un vide politique et social laissé par la mort de Raila Odinga

La mort de Raila Odinga, survenue en Inde à l’âge de 80 ans, représente un bouleversement politique majeur pour le Kenya. Odinga, figure emblématique de la lutte pour la démocratie, a laissé un héritage durable, notamment avec son rôle central dans l’élaboration de la constitution de 2010. Sa carrière politique, marquée par des années de lutte contre l’autocratie de l’ancien président Daniel arap Moi, l’a hissé au rang de héros national, particulièrement pour la communauté Luo, l’une des plus importantes du pays.

Au-delà de son engagement politique, la figure de Raila Odinga a aussi été celle de l’unité, d’un homme capable de rassembler des forces disparates pour défendre la démocratie et les droits de l’homme. Cette unité qu’il a incarnée a été perceptible dans le respect et l’admiration dont il a été entouré, même par ceux qui n’étaient pas d’accord avec ses positions politiques. Son héritage, cependant, est aujourd’hui assombri par les scènes de violence survenues lors de ses funérailles.

Cette perte a profondément bouleversé le paysage politique du Kenya. Elle laisse un vide au sein de l’opposition, un vide qui sera difficile à combler. Dans un pays où les luttes de pouvoir sont souvent marquées par des rivalités ethniques et des tensions politiques, la disparition d’Odinga laisse de nombreux Kenyans inquiets quant à l’avenir de la démocratie dans le pays. « Baba » (papa), surnom affectueux donné à Odinga, reste un symbole de résistance et de changement, et sa mort marque la fin d’une ère.

Morgan Dossou

Journaliste passionné depuis une dizaine d'années, je m’intéresse aux grands enjeux de notre époque et à l’évolution du monde contemporain. Mon objectif est de proposer une information claire, fiable et accessible à tous, en mettant en lumière des sujets variés qui nourrissent la réflexion et favorisent une meilleure compréhension de l’actualité.

Laisser un commentaire