Dans un Mali déjà secoué par une instabilité sécuritaire persistante, une crise inattendue ébranle la vie quotidienne de millions de citoyens. Le carburant devient introuvable. Derrière cette situation critique se cache une stratégie délibérée d’asphyxie menée par un groupe armé. Le carburant n’est plus seulement une ressource énergétique. Il devient un levier de pouvoir.
Le carburant bloqué par les djihadistes
Depuis début septembre 2025, un groupe armé affilié à Al-Qaïda, le JNIM, bloque les routes reliant le Mali à ses voisins côtiers. Ces axes permettent d’acheminer le carburant depuis la Côte d’Ivoire, le Sénégal et la Guinée. Le groupe attaque les convois, incendie des camions et enlève des chauffeurs.
Ce blocus provoque un arrêt brutal des livraisons. L’Office national des produits pétroliers avait prévu un stock de secours pour trois jours. Il est déjà épuisé. Dans tout le pays, les stations ferment ou rationnent. Les files d’attente s’allongent devant celles qui restent ouvertes.
Le carburant devient un outil de pression. Le groupe djihadiste ne cherche plus seulement à contrôler des territoires. Il utilise désormais la stratégie du blocus pour affaiblir l’État malien.
Une crise qui touche tous les secteurs
Les conséquences dépassent la seule question des transports. L’électricité dépend du diesel pour faire fonctionner les centrales thermiques. Sans carburant, les coupures deviennent fréquentes. Hôpitaux, écoles, commerces et foyers se retrouvent dans le noir.
Les autorités maliennes ont réagi rapidement. Elles organisent des convois militaires pour escorter les camions. Elles renforcent les contrôles dans les stations et délivrent des autorisations spéciales pour accélérer les passages aux frontières. Mais ces mesures restent limitées face à un blocus bien organisé.
La crise révèle une faiblesse structurelle. Le Mali n’a pas d’accès à la mer. Il dépend entièrement de ses voisins pour ses importations. Il ne possède pas d’infrastructure de raffinage suffisante. Il ne dispose pas non plus d’alternatives énergétiques à grande échelle.
Une guerre qui change de forme
Les djihadistes adaptent leurs méthodes. Au lieu d’affronter directement l’armée, ils coupent les ressources vitales. Le carburant devient leur nouvelle cible. Cette stratégie affaiblit le pays sur plusieurs plans. Elle touche l’économie, la sécurité et la vie quotidienne de millions de personnes.
Si la situation perdure, elle pourrait redéfinir les formes de conflit dans la région. D’autres groupes pourraient s’en inspirer. L’énergie devient alors un terrain de guerre silencieux, mais redoutablement efficace.