Ghana : Les transferts de migrants expulsés des États-Unis vers le Togo alimentent les critiques contre le gouvernement

septembre 24, 2025

Un dossier migratoire sensible secoue le Ghana. Plusieurs ressortissants ouest-africains, renvoyés des États-Unis début septembre, ont été transférés vers le Togo malgré une procédure judiciaire ouverte à Accra. Cette affaire soulève des inquiétudes sur le respect des droits fondamentaux et alimente de vives critiques contre les autorités ghanéennes.

Des expulsés envoyés hors du Ghana malgré un recours judiciaire

Lors d’une audience à la Haute Cour du Ghana, l’avocat Oliver Barker-Vormawor a affirmé que ses clients avaient déjà quitté le pays. « Au moins six d’entre eux seraient actuellement au Togo », a-t-il déclaré le 23 septembre. Selon lui, la plupart des onze personnes qu’il représente ne sont plus sur le territoire, malgré une demande d’injonction destinée à bloquer leur expulsion.

Ces migrants, originaires du Nigeria, du Togo, du Mali, du Liberia et de Gambie, avaient été placés dans un centre militaire à leur arrivée au Ghana. Leur parcours reste flou, tout comme les conditions de détention qui ont immédiatement attiré l’attention des défenseurs des droits humains.

Des accusations d’entrave à la justice

L’avocat accuse directement le gouvernement d’« entraver le processus judiciaire » en expulsant ses clients avant la décision du tribunal. Il met aussi en garde contre une répétition de ces pratiques, rappelant que « le ministre des Affaires étrangères avait annoncé que le Ghana recevrait 40 migrants supplémentaires ».

Dans un communiqué, Human Rights Watch a également dénoncé ces transferts, évoquant des accords qui exposent « des centaines de migrants à des violations graves du droit international ». L’ONG redoute que certains expulsés ne subissent des persécutions dans leur pays d’origine, liées à leurs opinions politiques, à leur religion ou à leur orientation sexuelle.

Un gouvernement sur la défensive

Interrogé par RFI, le porte-parole du gouvernement, Felix Kwakye Ofosu, a reconnu que les expulsés avaient séjourné dans un camp militaire « pendant plusieurs jours », justifiant cette décision par des « circonstances extraordinaires ». Concernant les transferts vers le Togo, le ministre a simplement assuré que « tous les expulsés ont quitté le Ghana pour rejoindre leurs pays respectifs ».

Cette ligne officielle contraste avec les accusations d’avocats et d’ONG, qui voient dans ces opérations un contournement des juridictions américaines de l’immigration, avec le Ghana comme acteur central d’une stratégie plus large.

Cette affaire place le Ghana dans une position délicate entre coopération internationale et respect des droits humains. Les expulsions vers le Togo illustrent les zones grises entourant les accords migratoires et mettent en lumière les tensions entre solidarité panafricaine affichée et critiques d’organisations internationales. Les prochaines arrivées annoncées pourraient déterminer si Accra persiste dans cette politique ou choisit de renforcer les garanties juridiques et humanitaires.

Morgan Dossou

Journaliste passionné depuis une dizaine d'années, je m’intéresse aux grands enjeux de notre époque et à l’évolution du monde contemporain. Mon objectif est de proposer une information claire, fiable et accessible à tous, en mettant en lumière des sujets variés qui nourrissent la réflexion et favorisent une meilleure compréhension de l’actualité.

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