Alors que le conflit soudanais entre l’armée et les Forces de soutien rapide continue de faire des ravages parmi les civils, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a décidé de reconduire pour un an le mandat de sa mission d’enquête. Une décision adoptée malgré l’opposition des autorités soudanaises, soucieuses de garder le contrôle narratif sur une guerre interne marquée par de graves exactions.
Violences documentées et opposition de Khartoum : la mission onusienne prolongée
Le 6 octobre 2025, à Genève, les membres du Conseil des droits de l’homme ont voté la prolongation du mandat de la Mission internationale indépendante d’établissement des faits au Soudan. Mise en place en 2023, cette mission a pour objectif de recueillir des preuves sur les violations des droits humains perpétrées depuis le début du conflit opposant les forces armées soudanaises aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Dans un rapport publié en septembre, la mission avait mis en cause les deux camps pour des crimes de guerre, et directement les FSR pour des crimes contre l’humanité.
La résolution adoptée par le Conseil condamne également la recrudescence des violences à El Fasher, dans le Darfour du Nord, notamment les attaques ciblées contre les camps de déplacés internes à Zam Zam et Abou Shouk. Ces violences ont entraîné la fuite de quelque 400 000 personnes selon les dernières estimations, illustrant l’ampleur du désastre humanitaire. En dépit de ces éléments, le gouvernement soudanais a voté contre la prolongation du mandat, dénonçant une ingérence dans ses affaires internes.
Le soutien à cette mission, notamment par des ONG telles que DefendDefenders, s’inscrit dans une volonté de maintenir une pression internationale constante. Hassan Shire, directeur exécutif de l’organisation, souligne que « la mission d’enquête contribue à garantir que la responsabilité reste au cœur de toute solution durable au conflit soudanais », insistant sur l’importance de la documentation des crimes dans la perspective d’une justice future.
Entre camps bombardés et villages ravagés, le conflit s’enlise dans l’impunité
Au-delà du Darfour, d’autres régions comme le Kordofan sont également touchées par les affrontements. L’armée est accusée d’avoir bombardé l’hôpital Al-Mujlad, tandis que les FSR auraient attaqué plusieurs villages dans la région. Ces attaques, souvent dirigées contre des infrastructures civiles, s’inscrivent dans une stratégie de terreur qui frappe indistinctement les combattants et les populations locales.
Dans ce contexte, la mission d’enquête se retrouve face à plusieurs défis majeurs. L’accès aux zones de conflit reste limité, tant pour des raisons sécuritaires que logistiques. De plus, les menaces pesant sur les témoins et les victimes freinent la collecte de témoignages directs. Malgré cela, les enquêteurs s’efforcent de réunir des preuves recevables afin d’éventuellement appuyer des procédures judiciaires internationales.
La prolongation du mandat onusien est donc perçue comme un outil de dissuasion, mais aussi comme un levier pour maintenir le conflit soudanais dans l’agenda international. Elle marque un refus collectif de l’oubli, dans une situation où les lignes de front évoluent, mais où les responsabilités doivent encore être établies.