Leader mondial de la production de cacao, la Côte d’Ivoire vient d’annoncer une mesure qui pourrait marquer un tournant pour des millions de planteurs. À l’ouverture de la campagne 2025-2026, le président Alassane Ouattara a fixé le prix bord-champ à 2 800 francs CFA le kilogramme. Une décision qui suscite à la fois enthousiasme et prudence.
Une annonce présidentielle sous le signe de la mobilisation
Mercredi soir, le Parc des expositions d’Abidjan affichait complet. Dans une salle parée de t-shirts orange, couleur du parti au pouvoir, le chef de l’État a pris la parole devant une foule de producteurs. « Je vous annonce qu’au titre de la campagne de commercialisation 2025-2026, le prix bord-champ garanti du cacao bien séché et bien trié est fixé à 2 800 francs le kilogramme », a déclaré Alassane Ouattara sous les applaudissements.
Cette hausse est significative, car elle représente 1 000 francs CFA de plus par kilo par rapport au tarif appliqué en 2024. Un signal fort envoyé aux acteurs de la filière, alors que le cacao reste le moteur économique du pays.
Un soulagement pour les producteurs, mais des défis persistent
Du côté des organisations agricoles, la satisfaction est réelle. Doua Blondé Obed, vice-président de l’Organisation interprofessionnelle agricole, a rappelé que le mécanisme de revenu décent négocié avec les chocolatiers génère près de 450 milliards de francs CFA par an, soit environ 686 millions d’euros, contribuant à améliorer la rémunération des planteurs.
En remerciement, les producteurs présents ont annoncé un don de 20 millions de francs CFA (30 500 euros) au président. Mais au-delà de l’enthousiasme, certains restent prudents. « Je suis satisfait. Sauf que si les banques peuvent payer. Il ne suffit pas d’aller livrer », a prévenu Herman Ben Idriss, cacaoculteur d’Abengourou, soulignant que le règlement de cargaisons atteignant parfois 120 millions CFA pouvait poser problème.
Parallèlement, le gouvernement a annoncé un prix du café fixé à 1 700 francs CFA/kg (2,59 euros), confirmant son intention de soutenir l’ensemble des filières agricoles stratégiques.
La revalorisation du prix d’achat du cacao devrait offrir un répit aux producteurs, confrontés depuis des années à la volatilité des cours mondiaux et à la pression des intermédiaires. Mais sa réussite dépendra largement de l’efficacité du système bancaire et de la fluidité des paiements.
Au-delà de l’économie, la décision s’inscrit dans un contexte politique sensible. À l’approche des échéances électorales, la hausse du prix bord-champ apparaît aussi comme un message de soutien à une base rurale essentielle. Pour les planteurs, il s’agit avant tout d’un gain concret. Pour le pays, c’est un test pour transformer une annonce présidentielle en une amélioration réelle du quotidien des familles rurales.
