Le Conseil exécutif de l’UNESCO a porté l’Égyptien Khaled el Enany à sa tête pour un mandat de quatre ans. Son élection, presque unanime, marque un tournant politique et culturel. Elle confirme aussi la montée en puissance de l’Afrique sur la scène des grandes institutions internationales.
Un vote quasi unanime confirme la position de l’Égypte
Khaled el Enany a obtenu 55 voix sur 57. Le soutien des membres du Conseil exécutif ne laisse place à aucun doute. Cette désignation témoigne d’un large consensus diplomatique.
Face à lui, le Congolais Firmin Edouard Matoko représentait aussi le continent africain. Ce duel illustre l’intérêt croissant de l’Afrique pour les postes stratégiques dans les agences onusiennes. L’Égypte l’a emporté grâce à une campagne discrète, mais efficace.
Cette victoire n’est pas anodine. L’UNESCO n’a jamais été dirigée par un Égyptien ni même un Arabe. Cette élection renforce la visibilité de l’Égypte dans le domaine culturel mondial. Elle confirme aussi sa stratégie d’influence, portée par un investissement constant dans le patrimoine et la diplomatie culturelle.
Ce choix reflète également une volonté d’unité régionale. Le soutien africain a joué un rôle déterminant. Il place l’UNESCO sous le signe d’un équilibre renouvelé entre les grandes régions du monde.
Un égyptologue francophone face à des défis institutionnels
Khaled el Enany n’est pas un diplomate de carrière. Il est égyptologue, universitaire et ancien ministre de la Culture. Il a dirigé plusieurs grands projets archéologiques. Son engagement pour la valorisation du patrimoine égyptien est reconnu à l’échelle internationale.
Son profil allie rigueur académique et expérience politique. Il parle couramment français, ce qui reste un atout important au sein d’une organisation comme l’UNESCO.
Il prend ses fonctions dans un contexte complexe. L’UNESCO fait face à une fragilité budgétaire persistante. Le retrait des États-Unis a laissé un vide. Le financement reste une préoccupation majeure.
Khaled el Enany devra rassurer les bailleurs. Il devra aussi repositionner l’UNESCO comme acteur central de la culture et de l’éducation. Sa mission inclut la relance des programmes internationaux. Il devra également faire entendre la voix des pays du Sud.
Un signal fort pour l’Afrique et la diplomatie culturelle
L’élection de Khaled el Enany représente plus qu’un changement de direction. Elle envoie un message politique fort. L’Afrique entend peser davantage dans les organisations multilatérales.
Ce choix répond à une attente croissante d’équité dans la représentation mondiale. Longtemps dominées par les pays du Nord, les agences onusiennes s’ouvrent à de nouvelles voix. La nomination d’un directeur africain francophone symbolise cette transition.
Cette dynamique s’inscrit dans une stratégie plus large. Plusieurs pays africains cherchent à renforcer leur soft power. L’UNESCO offre un espace pour faire entendre leurs revendications. Les enjeux incluent l’éducation, la valorisation du patrimoine et le soutien à l’innovation sociale.
La diplomatie culturelle peut aussi jouer un rôle stabilisateur. Dans un monde fracturé, les échanges culturels offrent un terrain de dialogue. L’Égypte mise sur cet outil depuis des années. Avec El Enany, elle exporte cette vision à l’échelle mondiale.
Cette nomination ouvre une nouvelle phase. Elle laisse espérer un équilibre entre tradition et modernité. L’UNESCO semble vouloir renouer avec sa vocation première. Elle pourrait redevenir un lieu de dialogue et de coopération, au-delà des clivages géopolitiques.