Matoko contre El-Enany : Un duel pour prendre la tête de l’UNESCO

octobre 6, 2025

Le Conseil exécutif de l’UNESCO vote ce 6 octobre pour désigner le successeur d’Audrey Azoulay. Firmin Matoko, diplomate congolais, affronte Khaled El-Enany, ancien ministre égyptien. Ce choix influencera la trajectoire d’une organisation en quête de clarté et de poids dans un système multilatéral fragilisé.

Deux profils, deux continents, deux visions pour l’UNESCO

Firmin Matoko n’est pas un inconnu dans les couloirs de l’UNESCO. Originaire du Congo-Brazzaville, il cumule trois décennies de service au sein de l’institution, dont il maîtrise parfaitement les mécanismes internes. Cette expérience fait de lui un candidat de la stabilité, particulièrement attentif à la diplomatie multilatérale et au développement durable, des thèmes au cœur du mandat de l’organisation.

En face, Khaled El-Enany incarne une proposition plus politique. Ministre du Tourisme et des Antiquités de 2016 à 2022 en Égypte, il s’est illustré par la valorisation du patrimoine culturel égyptien, en particulier lors de l’inauguration du Grand Musée Égyptien et de la restauration de monuments pharaoniques. Fort de ses réseaux diplomatiques, il bénéficie du soutien de plusieurs grandes puissances, ce qui en fait un candidat redoutable dans un contexte où les équilibres géopolitiques jouent un rôle déterminant dans les nominations internationales.

Ce duel oppose deux conceptions du rôle de l’UNESCO. L’une mise sur une approche technocratique fondée sur les valeurs historiques de l’organisation. L’autre privilégie une vision plus externe, orientée vers la valorisation culturelle à grande échelle et la recherche de visibilité sur la scène internationale.

Un choix décisif pour une institution en quête de légitimité

Au-delà des profils en compétition, l’élection du nouveau Directeur général intervient à un moment charnière pour l’UNESCO. Si les actions de l’organisation sont reconnues dans des domaines comme l’éducation, la culture et les sciences, elle fait face à des critiques persistantes concernant son efficacité, sa lenteur de réaction et son poids réel dans les grands débats mondiaux.

Certains observateurs estiment que l’UNESCO a besoin d’un choc de gouvernance pour redevenir un acteur crédible, notamment sur les enjeux éducatifs dans les pays en crise, la régulation des intelligences artificielles, ou encore la protection du patrimoine mondial en danger. D’autres, au contraire, jugent qu’une continuité est préférable pour renforcer des dynamiques déjà engagées, notamment dans les relations Sud-Sud et la représentativité africaine.

Le choix entre Matoko et El-Enany n’est donc pas purement administratif. Il déterminera l’orientation que prendra l’organisation dans les années à venir, tant en matière de gouvernance que de stratégie globale.

Une décision qui pèsera sur la voix mondiale de la culture et de l’éducation

L’issue du scrutin au sein du Conseil exécutif ne départagera pas uniquement deux candidats. Elle orientera les choix stratégiques de l’organisation pour les années à venir. L’UNESCO joue un rôle central dans la coopération intellectuelle, éducative et patrimoniale à l’échelle mondiale. Son prochain Directeur général devra relever plusieurs défis, parmi lesquels le développement de l’éducation numérique, la sauvegarde du patrimoine dans les zones de conflit et la reconnaissance des droits culturels comme instruments de stabilité.

L’Afrique pourrait, à travers cette élection, renforcer son poids symbolique et opérationnel au sein du système onusien. Mais, quelle que soit l’issue, c’est bien l’avenir d’une organisation en quête de renaissance qui est en jeu.

Morgan Dossou

Journaliste passionné depuis une dizaine d'années, je m’intéresse aux grands enjeux de notre époque et à l’évolution du monde contemporain. Mon objectif est de proposer une information claire, fiable et accessible à tous, en mettant en lumière des sujets variés qui nourrissent la réflexion et favorisent une meilleure compréhension de l’actualité.

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